Dans l’infolettre aujourd'hui, je vais discuter de mon actualité culinaire. La semaine dernière, c’était la relâche, ou la “semaine de lecture”, comme la présente l’université, mais tout le monde sait très bien qu’elle ne sert qu’à se mettre encore plus en retard dans ses travaux. J’en ai profité pour bien manger. Je vous propose donc mon journal culinaire de la semaine dernière : un couscous à Gatineau, du Popeyes à Ottawa, des frites sur Masson, une dégustation à La Cave de Mamie et un souper au Vin Papillon!
Lundi, ma copine et moi avons mis une heure à traverser le West Island et le trafic de la 20 alors que nous nous dirigions vers Aylmer, une ville voisine de Gatineau et d’Ottawa. Nous avons rendu visite à sa grand-mère que nous n’avions pas vue depuis l’été. C’était la première fois que je me rendais chez elle ; c’était aussi la première fois que j’avais le coin d’Ottawa comme destination. On s’entend que la capitale canadienne n’est pas la destination la plus prisée. Nous avons été reçus avec un merveilleux couscous dont l’histoire de la recette est en elle-même fascinante. La grand-mère de Mathilde a habité cinq ans en France et elle avait pour voisins (il me semble que c'étaient les voisins) (j’ai une mémoire assez pauvre, lorsqu’on me raconte quelque chose, mon esprit a tendance à s’arrêter sur un mot et à se laisser emporter par lui) une famille marocaine. Elle nous racontait avoir échangé ses recettes québecoises contre celles de ses voisins. Plus de 50 ans ont passé, et elle fait encore cette recette avec passion. Mathilde m’a toujours dit qu’elle cuisinait extrêmement bien ; je n’avais goûté sa cuisine qu’une fois avant, son couscous m’a rappelé ses talents et son savoir-faire. Je me demande si ses voisins du Maroc font encore les recettes qu’ils se sont échangés il y a des années. Auraient-ils pu deviner à l’époque que le partage de leur savoir culinaire allait rejoindre, 50 ans plus tard, un gars de 24 ans écrivant des billets culinaires qu’il envoie par courriel? J’essaierai, la prochaine fois que je croiserai la grand-mère de Mathilde, d’obtenir la recette.
Mardi, nous sommes allés au Musée Canadien des Beaux-Arts, qui était pas mal. À notre sortie, nous avions faim et nous sommes partis à la recherche d’un restaurant autour, mais rien, rien du tout, ne nous appelait. Si le quartier était un peu déprimant, les restos s’y trouvant l’étaient totalement. Nous avons repris la route, nous résignant à manger du fastfood. Il y a, en Ontario, des restaurants de la chaîne néo-orléanaise Popeyes, et comme nous n’y avions jamais goûté, on s’est dit que ça nous consolerait de la faillite des restaurants ottaviens. C’était intense, le biscuit, un genre de muffin anglais n’était pas mangeable, le poulet était correct, mais j’avoue que le sandwich au poulet frit était vraiment bon!
Mercredi, ma blonde a invité son amie Ariane pour qu’elle lui teigne les cheveux couleur dark cherry, ou red velvet – quelque chose de comestible et rouge, je ne me souviens pas exactement. Comme nous avions quitté la maison durant deux jours, nous avions des légumes qui étaient sur le point de nous lâcher, nous avons essayé de faire notre possible avec eux. C’est ainsi que s’est assemblé un repas composé d’aubergines grillées, d’une salade de fenouil, chou kale et pulpe d’orange ; à ça on a ajouté des morceaux d’épaule de porc que j’ai mariné d’une sauce asiatique à laquelle j’ai ajouté de l’orange aussi – oui, nous avions beaucoup d’oranges à passer. Ces dernières ont toutefois donné une direction commune à l’ensemble du repas.
Jeudi, j’ai eu le plaisir de commander une pizza et une frite familiale de l’emblématique restaurant La Corvette de la Promenade Masson. Mes ami·e·s et moi avions une rencontre pour la préparation du prochain numéro de la revue de notre association étudiante, et devions combler un petit creux. Je ne vais pas trop m’étirer sur la pizza, mais les frites étaient les meilleures frites de casse-croûte que j’ai mangées depuis longtemps. Le goût de patate était généreux, la texture était parfaite : croustillante en surface, tendre à l’intérieur ; ça ne goûtait pas les frites surgelées, – cette honte des casses-croûtes – si elles l’étaient, ils ont vraiment bien camouflé le tout. Si vous habitez dans l’est de Rosemont, je recommande. Passer une commande à La Corvette comportait son lot d’ironie au départ, mais je dois dire que je ne me gênerai pas d’y retourner pour d’autres frites. Je me dois d’essayer leur poutine ; avec de telles frites, les chances de réussite sont fort élevées.
Vendredi, je suis allé faire un tour à La Cave de Mamie après être allé au cinéma. Il y avait une dégustation des vins de Lieux Communs. J’ai longtemps été frileux à commander des vins québécois dans les restaurants et les bars à vin. Les seuls que j’avais bus dans ma vie étaient ceux à petit prix que l’on trouve à la SAQ. Je n’étais pas trop fan. Je m’étais construit une idée des vins locaux que je me suis promis de remettre en question en 2023. Ça a commencé en février où, au Yïsst, avec ma copine et deux amies, nous avons goûté à deux vins du Vignoble La Bauge, qui étaient super biens. Les deux bouteilles que nous avons bues, Le Rouge 2020 et DJ Meu 2021, laissent percevoir une liberté et un plaisir dans la confection des vins ; comme les discussions couvraient la dégustation durant la soirée, je ne peux pas en parler plus longuement, mais je vous les conseille. TOUT ÇA POUR DIRE : Ils faisaient goûter les vins de Lieux Communes à La Cave, Mathilde et moi sommes allés pour un verre. Je n’avais jamais goûté leurs vins, bien qu’ils apparaissent sur de nombreuses cartes à Montréal, je ne connaissais pas trop leur histoire non plus – je ne la connais pas plus aujourd’hui –, mais j’étais curieux de voir ce que ça donnait, du vin fait au Marché Central, quelque part entre le Costco, le Canadian Tire et le Bloc Shop. On s’est fait proposer un rouge pétillant, l’Envol 2021, un assemblage de Marquette, Frontenac Noir et si je me souviens bien, de la pomme empire. Il est difficile de trouver des rouges pétillants au Québec, donc d’en boire un qui était produit au Québec m’a fait vraiment plaisir. Il était très bon. La bulle était légère, j’ai trouvé que ça goûtait les petits fruits sûrs, comme la canneberge, la mûre ou la cerise cueillie deux jours avant qu’elle soit à point, avec un tout petit peu de betterave. J’ai senti la pomme empire se tailler une place à la fin, qui me rappelait certains cidres bruts. On sentait la “montréalité” du vin, je ne sais pas si c’est parce que la pomme me faisait un peu penser aux cidres Fleuri… en tout cas, je boirais absolument ça au bord du Canal Lachine durant un pique-nique au mois de juin.
Samedi, je suis allé au Vin Papillon pour la première fois! C’était aussi la première fois que j’allais dans un des restaurants affiliés au fameux Joe Beef. On nous l’avait bien vendu. Magali, qui avec son copain Gabriel accompagnait Mathilde et moi, nous en avait souvent parlé et nous le présentait comme son restaurant favori. La soirée était super cool et le repas à la hauteur des attentes. À quatre, nous avons pu goûter à presque tous les plats, je vais me limiter et ne discuter que de mes préférés. Les brocolinis, bagna cauda et moelle étaient vraiment bons. Je ne connaissais pas cette sauce provençale qui, selon les informations que j’ai trouvées sur Wikipédia, est à base d’anchois, d’ail et d’huile d’olives ; c’était fantastique, le goût de la sauce évoquait à la fois des saveurs réconfortantes et défamiliarisantes. Un autre plat qui m’a vraiment plu est le Bœuf cru, topinambour et Comté. Le Comté – un fromage du Jura, en France – faisait apparaître les saveurs de noisette que renfermait le bœuf. Les croustilles de topinambour amplifiaient la légère salinité du plat. Chaque ingrédient faisait ressortir de celui qu’il accompagnait un goût se faisant normalement discret.
Le dernier mets dont je souhaite vous parler était super. Une espèce de champignon m’étant inconnue, des maitakes, étaient grillés et recouverts d’une sauce, elle aussi, aux champignons. Leur texture était extrêmement satisfaisante, je me permettrais d’employer une expression que je n’ai jamais utilisée pour décrire un aliment : ils étaient matelassés. Mastiquer la bouchée était un sentiment particulier, c’est une texture que je n’avais pas rencontrée avant. La sauce aux champignons qui accompagnait les maitakes était superbe. C’était avec ce plat qu’allait le mieux le premier vin que nous avons bu, un grenache gris du Domaine Bordes, Les Grèses 2020. S’il ne s’agençait pas à merveille avec les autres plats, son côté herbacé allait chercher la foresticité (j’invente un mot ici) des champignons et amplifiaient la saveur umami du plat. Enfin, – et c’est le dernier dont je vous parle, promis – il y avait comme plat du jour de l’anguille fumée, quelque chose que je n’avais pas mangé depuis mes 5 ou 6 ans, alors qu’avec mes parents, nous avions fait un long séjour avec la tente-roulotte sur la côte nord, et que nous étions arrêtés dans une poissonnerie où le poissonnier m’avait fait goûter toutes sortes de poissons fumés. Bien qu’elle était plus apprêtée que celle qui avait rencontré mon jeune palais il y a presque vingt ans, l’anguille, accompagnée de pommes de terres rattes, m’a ramenée en enfance ; le goût a causé la même surprise et le même plaisir qu’il l’avait fait dans le passé. Même en excluant mon souvenir, on peut dire, avec un semblant d’objectivité, que c’était fucking bon. Pour finir, Mathilde, Magali et moi, avons aperçu dans le cellier, qui n’était pas bien loin de nous, un pétillant naturel que nous avions bu lorsque nous étions tous les trois à Paris l’été dernier. D’Émilie-Romagne, en Italie, le Surliè 2021 nous a ramené·e·s, à la première gorgée, dans la capitale parisienne. En somme, le Vin Papillon c’était super, et rapport qualité prix, c’était excellent, je recommande à n’importe qui!
C’était ma semaine culinaire et je vous en souhaite une excellente! Si le texte vous a plu, envoyez-le à un·e ami·e, ça sera apprécié!
À très bientôt!
Thomas