Je m’ennuie grandement de manger à l’extérieur, surtout pour déjeuner ou pour boire un café. Mon balcon est encore plein de neige, ce n’est pas de si tôt que je pourrai profiter de ces beaux moments. Mars est à la fois le mois de tous les espoirs, vu l’adoucissement de la température, mais c’est aussi celui de tous les désespoirs, une ou deux tempêtes de neige savent nous tirer de notre rêverie. Le foodboard de cette semaine consiste en une petite rêverie.
Dans un premier temps, quelques mots que j’ai écrits ce matin, en tentant de traduire avec le langage le sentiment de plénitude qui surgit en mangeant un bol de fruit, des œufs ou un bagel sur son balcon le matin. Je ne voulais pas trouver de nom au personnage, je ne l’ai pas nommé.
Dans un second temps, quelques photos de certains mes propres déjeuners sur lesquels tombe une douce lumière, et d’autres photos de repas en extérieurs, qui sauront, je l’espère, vous emporter vers le doux songe et vous faire oublier le froid.
Les mains pleines, il franchit le seuil de la porte qu’il avait laissée entrouverte afin de qu’entre la fraîcheur dans son logement. Il posa tout sur la table, puis s’écrasant sur une chaise, il gonfla ses poumons de l’air matinal dans laquelle il ne sentait aucune pollution, cette dernière avait dû quitter l’atmosphère montréalaise, poussée par les forts vents de la veille. Il évacua tout ce qui le troublait en se vidant de la fraîcheur dont il avait imprégné son corps, comme s’il souhaitait que ses soucis fussent aussi emportés par la même brise. Son regard se posa ensuite sur le grand arbre dont les feuilles semblaient enfin avoir atteint leur pleine maturité, puis il se déplaça vers les immeubles d’en face qui, à cette heure, étaient encore plongés dans l’ombre. Il devait y faire froid. Son attention se tourna enfin vers son repas, un déjeuner des plus ordinaires, pour lui, mais qui lui apportait le soutien nutritif et l’appui nécessaire pour entamer sa journée après son jeûne nocturne de huit heures. À côté de son cortado se trouvaient les deux moitiés d’un bagel ; elles étaient recouvertes d’une couche de fromage à la crème, de fines tranches d’échalotes françaises, de quelques câpres et de pousses d’aneth qu’il avait cueillies dans le bac de fines herbes qu’il entretenait sur un autre balcon. Un petit bol était rempli de cubes de melon d’eau ; ils étaient croquants, juteux et leur texture était parfaite ; en les mastiquant, ils restaient agréables en bouche et évitaient de se transformer en de minuscules grumeaux un peu secs, chose qu’il détestait. Il orientait son visage vers la lumière pour en absorber les bienfaits, il savait qu’un cubicule blanc et de froids néons l’attendaient. Il devait se réveiller tôt pour se rendre au boulot, mais ce simple déjeuner et le soleil lui offraient la meilleure compagnie dans sa solitude matinale. Il serait sous stress durant les huit heures suivantes, heureusement les 30 premières minutes de sa journée étaient un moment de pure sérénité. S’il se questionnait trop souvent sur les raisons de son existence sur terre, cette baignade dans la fraîcheur matinale et les rayons de soleil arrivait à l’en tirer. Durant ce moment, il ne faisait qu’être. Une mésange se posa sur la rampe.
Continuez votre lecture avec un essai gratuit de 7 jours
Abonnez-vous à La lettre gourmande pour continuer à lire ce post et obtenir 7 jours d'accès gratuit aux archives complètes des posts.